30 MARS 2017 – LA VERITABLE HISTOIRE DE LUMINA SOPHIE, DITE SURPRISE

30 MARS 2017 – LA VERITABLE HISTOIRE DE LUMINA SOPHIE, DITE SURPRISE

Allocution introductive du Président

Documentation

IDHM DOCUMENTATION CONFERENCE DU 30 MARS 2017

Programme

- Allocution : Monsieur le Bâtonnier Raymond AUTEVILLE Président de l’IDHM - Allocution : Maître Corinne BOULOGNE-YANG-TING Avocat à la Cour Maître de Conférences Directrice de l’IEJ MARTINIQUE Membre de l’IDHM - Exposé : « LA VERITABLE HISTOIRE DE LUMINA SOPHIE, DITE SURPRISE » ➢Monsieur Gibert PAGO, Professeur agrégé d’histoire - Clôture : Monsieur le Bâtonnier Raymond AUTEVILLE Président de l’IDHM
         

Conférence

LUMINA SOPHIE dite SURPRISE, 1848-1879, INSURGEE ET BAGNARDE

de Gilbert PAGO.

http://www.revolutionsocialiste.com/pages/dossiers/histoire/lumina-sophie-de-gilbert-pago.html

Il se dit et s’écrit parfois que les Martiniquais n’ont pas de héros nationaux auxquels se référer, ce qui gênerait la prise de conscience

identitaire et l’émergence d’une conscience nationale de masse. La proposition peut se discuter si on formule les choses de manière aussi brute.

Mais nos grandes figures historiques sont de plus en plus connues. La colonisation aura tout fait pour en gommer le souvenir, par toutes sortes de méthodes. Quand il n’est pas possible de «gommer» le souvenir, tout est fait pour en donner une image vile. Exemple type: le nèg maron… Jusqu’à une époque assez récente, la relation et l’interprétation des faits historiques fut opérée par les colons, l’appareil d’Etat, leurs relais et valets. C’est un des rôles des historiennes et historiens anticolonialistes de chercher dans notre histoire les grandes luttes collectives et populaires, mais aussi les grandes figures ayant participé à ces luttes, a fortiori celles qui y jouèrent un rôle important. Gilbert PAGO est de ces

historiens.
Son dernier ouvrage est une biographie : «Lumina Sophie dite Surprise,

1848-1879, insurgée et bagnarde»(1) . Cette femme fut une figure majeure de l’Insurrection du Sud de la Martinique de septembre 1870. L’ouvrage n’est pas une énième relation du soulèvement. G.Pago avait déjà consacré à l’Insurrection un long article dans l’«Historial Antillais»

de 1981(2) . Au-delà des faits, il présentait déjà certains chefs des insurgés, hommes et femmes, y compris Lumina. L’objet du nouveau livre est donc une biographie, situant le personnage central dans le contexte sociopolitique de l’époque et dans le mouvement historique.

Lumina Sophie dite «Surprise» naît le 5 novembre 1848, peu après l’abolition de l’esclavage, au Vauclin à l’habitation La Broue. Elle est

enregistrée à l’état civil comme «Marie Philomène Sophie», fille de Marie Sophie dite Zulma, qui n’a pas encore obtenu son acte d’individualité. Ici, «Sophie» n’est pas un patronyme. La mère, ex-esclave, porte encore «Sophie»car ce n’est que par un acte d’individualité de 1849 que lui sera

donné son patronyme (nom de famille), Roptus. Ce nom sera donné aussi à Marie Philomène. Pago explique: «Le prénom Philomène donne

 

immédiatement le diminutif «Lumina» auquel on accole le second prénom de Sophie, comme pour dire «Lumina yiche Sophie». Le surnom «Surprise» pourrait provenir du fait que l’enfant a été conçue en février 1848, alors que sans doute personne en Martinique ne pensait sérieusement que la fin de l’esclavage était proche, ni que l’enfant naitrait libre(3). Pago fournit

les références juridiques précises des actes d’individualités. Il n’est pas le premier à le faire. Mais cela confirme que les matériels juridiques existent pour tout Martiniquais descendant d’esclaves(4) voulant remonter toute sa généalogie jusqu’à 1848, et parfois avant (cas des affranchis et «hommes de couleur libres». Les données administratives sont disponibles dans les archives communales ou pseudo- «départementales».

La petite enfance de Surprise se déroule à l’habitation La Broue, où se met en place la vie des nouveaux libres à partir du 2ème semestre 1848 :

les «contrats d’association» laissent en jouissance aux travailleurs les

cases et un petit lopin de terre… La famille de la petite fille est majoritairement composée de femmes, notamment sa grand-mère, Reine Sophie. Pago insiste sur le rôle initial-central de Reine Sophie : elle veille

à la gestion du «jaden boy Kay» où s’activent sa mère et ses tantes, pendant que les hommes dans le «jadin nèg» se donnent à la culture des gros légumes de caféiers, cacaoyers et de bananiers. A la mort de Reine en 1855, la famille élargie se disperse. Surprise a 6 ans.

Sa mère Zulma se retrouve à la tête d’une famille monoparentale qu’elle installe sur l’habitation Champfleury, entre Vauclin et Rivière-Pilote. Zulma est à la fois couturière, cultivatrice, marchande, mais aussi journalière sur les habitations voisines. Surprise apprend la couture et accompagne sa mère au marché. Lors des récoltes, elle fait ainsi l’apprentissage des conditions de vie des ouvriers et des paysans. L’auteur rappelle le racisme sans frein et le caractère répressif du Second Empire français dans la colonie Martinique. Il fournit aussi les références précises

des actes juridiques concernant : vagabondage, livret, ateliers de discipline, travail obligatoire, impôt, suppression des libertés publiques, etc. On a ainsi un tableau clair du contexte social dans lequel se forge le caractère de Lumina…

Début 1870, Surprise a 21 ans. Physiquement très résistante, elle est dotée d’une forte personnalité. Jeune femme autonome, elle a gardé le contact avec le «pays sucrier» où elle est journalière par moments, vendeuse sur les marchés du hameau de Josseaud et du bourg de Rivière- Pilote. Elle fréquente les artisans du bourg. Cultivatrice et couturière rurale, elle partage l’amertume des paysans des mornes. Son concubinage avec Emile Sydney, issu d’une famille de libres de couleur d’avant le 22

mai, l’aide à acquérir un regard averti sur le quotidien des populations rurales, assujetties à une fiscalité injuste, méprisées et écartées de

 

l’instruction publique. En février 1870, Léopold Lubin , un Noir du Marin, membre d’une famille d’entrepreneurs de travaux publics, a une violente altercation avec Augier de Maintenon, jeune Européen, aide-commissaire de marine et chef de service au bourg du Marin. L’affaire passe devant les tribunaux.

Lubin est condamné lourdement, de façon très injuste et raciste, infâmante ! Un mouvement de solidarité active se développe, auquel s’associe Lumina: pétitions, souscription pour payer les recours, etc. A cette affaire se conjugue l’affaire Codé. Codé est un Béké, propriétaire de l’habitation « La Mauny », arrogant avec ses employés. Il a érigé le 21 janvier un drapeau blanc, symbole de l’Ancien régime : le 21 janvier est la date-anniversaire de l’exécution de Louis XVI. C’est l’expression ostensible du regret des temps esclavagistes, et une provocation raciste. En plus, Codé a été membre du jury d’assises dans l’affaire Lubin, et il se vante publiquement de l’avoir fait condamner. Les habitants des campagnes sont en colère contre ses provocations et contre l’injustice

faite à Lubin. Lumina est solidaire du mécontentement populaire. En septembre 70, sur la place du marché de Rivière-Pilote, on la retrouve avec d’autres manifestants-es, hurlant pour la libération de Lubin. Le 22 septembre la population du Sud de la Martinique et notamment celle de Rivière-Pilote se soulève. Lumina participe activement à l’insurrection, qui sera très vite réprimée dans le sang. Surprise est enceinte de deux mois. Cela ne l’empêche pas de participer à la marche vers La Mauny avec l’ «armée» de Telga. Mais l’insurrection est

rapidement vaincue. Lumina est arrêtée le 26 septembre 1870 à Régale sur l’Habitation de Lacaille et sera incarcérée au Fort-Desaix. Plusieurs chefs d’accusation sont retenus contre elle.

Son premier procès se tiendra du 17 mars au 17 avril 1871. Elle est présentée comme une femme qui cherche à dominer les hommes. Le gouverneur de l’époque l’identifie comme la «flamme de la révolte». Les témoins à charge parlent de la «reine de la compagnie, la plus féroce, la plus terrible des chefs de bande, la maniaque de l’incendie…». Malgré sa présence dans les événements de Rivière-Pilote, on ne retient pas contre

elle l’accusation de complot, ni de commandement de troupes armées. Elle est relaxée le 17 avril de ce chef d’accusation, mais d’autres charges pèsent sur elle. Le 28 avril 1871, à la prison centrale de Fort-de-France, elle accouche d’un garçon que l’administration pénitentiaire nomme Théodore Lumina, sans aucun respect pour l’Etat-Civil de la mère. L’enfant est tout de suite séparé d’elle. Son 2ème procès se déroule du 22 mai au 8 juin 1871. Elle sera «punie» pour révolte contre l’aristocratie des planteurs, pour blasphème, pour avoir menacé les hommes et pour vouloir les dominer, pour avoir mis le feu à 3 habitations. Le 8 juin, elle est condamnée aux travaux forcés à perpétuité, pour incendie et participation active à l’insurrection. Ce sera la déportation vers le bagne

de Saint-Laurent-du-Maroni, où elle arrive le 22 décembre 1871(5). D’autres femmes furent insurgées, arrêtées et condamnées. Pago nous en

 

fournit les identités précises. Il rappelle que le régime colonial est aussi un régime bourgeois, rappelant la déportation par la classe au pouvoir des insurgés de la Commune de Paris. On sent en pointillé les questions de solidarité des peuples face à des exploiteurs solidaires malgré des latitudes différentes…

Concernant le bagne, témoignages à l’appui G.Pago indique à quel point les conditions de détention sont dégradantes voire chosifiantes pour les détenues, et portent atteinte à leur santé physique et mentale. Lumina est contrainte d’épouser le 4 Aout 1877 un certain Marie Léon Joseph Félix, bagnard, paysan originaire du nord de la France. Les rigueurs de la déportation, de l’ambiance de la colonie pénitentiaire, l’isolement, l’éloignement de la Martinique, la malnutrition, les maladies endémiques, tout cela a rapidement raison de Surprise l’insurgée. Elle en meurt à 31 ans, le 15 décembre 1877 à St-Laurent-du Maroni. En la brisant, le régime colonial lui a fait payer au prix fort le soulèvement des misérables ruraux du sud de la Martinique. Il lui a fait payer aussi le fait

d’être une femme rebelle, « forte tête », autonome, susceptible de «faire école»…

Car l’Insurrection du Sud fut aussi affaire de femmes. L’auteur nous en fournit maints exemples, avec pour chaque femme les noms, âge et profession. Mais aussi avec des éléments d’analyse intéressants sur la place des femmes dans toute société(6) quand celle-ci entre en ébullition, en insurrection. Les rôles traditionnels dévolus aux femmes cessent d’être figés : elles s’impliquent de leur propre initiative, autonome, non «déléguée» par les hommes. Ici, leur implication fut effective, même si les dirigeants-hommes tentèrent de les cantonner dans des rôles subalternes ou traditionnellement « dévolus » aux femmes. Ce sexisme se retrouva d’ailleurs dans les propos des juges et magistrats instructeurs, réactionnaires, conjugué à leur mépris raciste. Pour avoir des détails, il faut lire ce livre dont ces lignes ne peuvent pas rendre compte de la richesse.

A travers cette biographie, la figure de Lumina Sophie dite Surprise nous est restituée sous toutes ses facettes : cheminement personnel,

activité sociale et professionnelle «avant l’insurrection », profil psychologique, traits de caractère et notamment autonomie dans la gestion de sa vie, endurance «physique» (exemple d’épreuves fournis par l’auteur, qui se référe à des lieux connus..). Mais en même temps, et contrairement à ce que d’autres auraient fait, l’auteur ne cherche pas à fabriquer un mythe de façon idéologique. Nous avons affaire à un être humain, pas à une image pieuse. Par ailleurs le personnage n’est pas isolé du contexte général de l’époque. Surprise en est issue, mais en même temps elle se singularise par ses qualités de combattante, y compris contre le poids des mentalités des dirigeants masculins, qui souhaitaient cantonner les femmes aux rôles d’intendance et domestique,

Lacaille et Telga compris. Le machisme des insurgés masculins est pointé, avec raison. On est loin des héros chers à tels nationaux-populistes, et qui

 

font un peu songer au «réalisme socialiste» de sinistre mémoire. C’est aussi par sa singularité que Lumina «détonne» par rapport aux autres femmes insurgées. Car des hommes qui dirigent un mouvement et dominent leurs troupes, y compris des femmes, c’est bien sûr gênant pour les tenants et profiteurs de l’ordre social en place. Mais c’est un peu

dans l’ordre des choses : quelque part c’est « normal ». En revanche, une femme très autonome, qui joue un rôle de premier plan dans l’insurrection en prenant des initiatives, y compris en mettant la pression sur les hommes hésitants, cela gêne davantage l’ordre en place, et contribue à faire de Lumina une insurgée particulièrement « dangereuse » pour l’ordre colonial. Elle est doublement subversive !

L’auteur nous restitue aussi le climat d’une époque, mais il le fait sérieusement. Il ne brode pas, il se limite aux faits connus et avérés : il ne les « tord » pas pour leur faire dire autre chose que ce qu’ils peuvent livrer. Tout au long de l’ouvrage, G.Pago cite systématiquement ses sources : actes d’individualité, actes des Tribunaux, comptes rendus

d’audiences, etc. Mais au-delà des éléments avérés ou recoupés, il ne «fabrique» pas, il n’émet que des hypothèses : les éléments manquants au terme de son enquête ne sont pas remplacés par des extrapolations icônisantes, d’inspiration purement idéologique. Evidemment, les faits avérés sont analysés et mis en corrélation selon sa propre grille, dont il ne se cache pas. Mais rien n’est affirmé sans preuve, et on peinerait à trouver des amalgames douteux. Une bibliographie précise permet d’aller plus loin.

Par ailleurs, Pago historien et Pago militant, c’est tout un. Il ne cache pas sa sympathie pour les petites gens, petits cultivateurs, ouvriers agricoles saisonniers, etc. Il dénonce les exploiteurs, la discrimination raciste multiforme dont faisaient l’objet les gens du peuple sous le régime de 1849-1870, la répression physique sanglante contre le peuple du sud, frappant bien au-delà des insurgés réels ou potentiels. Bref ! l’auteur est clairement du côté du peuple en lutte. Mais en même temps il ne tombe pas dans le manichéisme. Il ne fait pas des békés un tout homogène dont tous les éléments seraient des clones de Codé. Il ne fait pas de Lacaille,

Telga ou Bolivar des héros sans défauts. L’ignorance est un fléau pour un peuple qui se lance dans des batailles décisives. Dans ce livre, on trouve des informations chiffrées précieuses :

– sur l’analphabétisme dans le peuple à l’époque ; – sur l’attrait des colonisés du peuple pour l’instruction ; – sur le recul organisé de l’instruction publique par le Second Empire français en Martinique, par rapport à la période antérieure et pas seulement la période révolutionnaire de 1848 ; – sur le fait que concrètement le gouvernement de Napoléon III et ses gouverneurs firent tout pour limiter l’accès du peuple à l’instruction publique (tarifs et autres dispositions), à l’Ecole.

Certains diront peut-être : «C’était l’école française, nou pa té Fransé, donk sa pa té nésésè». Facile à dire 150 ans après, surtout quand on est

 

soi-même très cultivé et qu’on est allé soi-même à l’école, fût-elle coloniale. Ceux qui tiendraient ces propos illustreraient par leur existence qu’il y a une contradiction dialectique dans l’instance scolaire : elle peut permettre de réfléchir à la subversion. C’est pour cela que les systèmes esclavagistes du continent américain refusaient l’instruction à cette

classe, la plus exploitée… Certes, l’école est un «Appareil Idéologique d’Etat » (L.Althusser). Donc, sous un régime colonial, un instrument de l’Etat colonial. Mais il faut essayer de comprendre l’envie subjective d’apprendre à lire et écrire chez les «nouveaux libres» et les contemporains de Surprise: ils avaient toujours été privés de l’instruction et de la capacité à se cultiver. C’était aussi pour eux un outil d’ascension sociale.

Il semble que cet ouvrage s’inscrive dans une recherche de longue haleine sur le rôle des femmes dans l’histoire du peuple martiniquais. En effet, G.Pago avait déjà présenté dans l’ «Historial Antillais» des éléments assez précis sur les femmes impliquées dans l’Insurrection. En

1998 ce fut un ouvrage intitulé «Les femmes et la liquidation du système esclavagiste à la Martinique 1848-1852». Dans l’ouvrage ici commenté, le contexte de la vie de Surprise est décrit dès 1848. On peut souhaiter que l’auteur publie rapidement un troisième volet de l’histoire de la Martinique pour continuer d’éclairer cet angle-là. Puissent des travaux de ce genre contribuer à éroder, ébranler et à terme briser le sexisme et le machisme de la société martiniquaise. De toutes les façons, la libération nationale et sociale du peuple martiniquais ne pourra pas faire l’économie de l’implication active et autonome des femmes dans les luttes. Il leur faudra sans doute imposer pas mal de choses à leurs camarades de combat masculins !

Sur la forme, on peut regretter que l’ouvrage soit court (environ cent pages), donc ne nous donne pas plus d’éléments explicites. L’auteur n’a sans doute pas voulu «délayer», ni «allonger sa sauce» (ce qui permet au passage d’avoir ce livre pour un coût plus modique que s’il était 2 ou 3 fois plus volumineux). Mais surtout, c’est à celui et celle qui le souhaite d’aller plus loin. Nous devons, individuellement et collectivement, faire

l’effort de lecture et de recherche. Nous devons cesser de consommer du pré-digéré! Dans la bibliographie et les « repères chronologiques », Pago nous fournit des pistes pour effectuer des corrélations. Par là il nous incite à aller plus loin par nous-mêmes, et à nous secouer les neurones et la médiocrité…

Il est pourtant parvenu à nous proposer un travail riche, dense et d’une lecture aisée et agréable, même si on ne partage pas son analyse : pas de phrases compliquées pour décrire ou expliquer une réalité complexe voire opaque. Le texte est limpide. On peut dire que ce livre se lit «comme un roman», à condition d’y revenir. Un vrai livre mérite toujours au moins deux lectures.

On espère qu’un jour un grand débat, vraiment ouvert et pluraliste, réunira nos historiens contemporains(7) autour d’un plateau, pour

 

confronter leurs analyses de l’Insurrection du Sud ET le rôle des femmes dans cette période de l’histoire de la Martinique. Et que se développent des débats pluralistes avec le même panel « idéologique » d’historiens, sur des thèmes précis de notre histoire. C’est une condition nécessaire pour que le peuple se fasse sa propre idée

et se réapproprie son histoire. C’est aussi une condition importante pour qu’il prenne directement en charge sa libération nationale et sociale. Il devra en impulser lui-même, à la base, la «formule», qui n’est écrite nulle part.

FREDOLAS.

RENVOIS
(1) Ibis Rouge Editions, Collection « Espace Outre-Mer », octobre 2008.

(2) Volume 4 : pp 219-258. G.Pago n’est pas qu’historien. Depuis plus de 40 ans, il est aussi un militant politique acquis à la cause du peuple, anticolonialiste et anticapitaliste. D’abord membre des Jeunesses Communistes de la Martinique, il en fut exclu et participa à la création du GRS (Groupe Révolution Socialiste), organisation membre de la 4ème Internationale. Voici le lien vers le site du GRS: http://www.revolutionsocialste.com/

(3) L’Etat-civil réel est donc Marie Philomène Roptus . Toutes cela peut paraître fastidieux, mais indique dans quel maquis juridique devaient de frayer un chemin les Martiniquais esclaves et enfants d’esclaves avant 1848 et juste après, compte tenu de l’analphabétisme régnant.

(4) et Guadeloupéen et Guyanais, ces pays étant placés sous le même régime esclavagiste puis post-esclavagiste.

(5) Théodore meurt à 14 mois, à la prison de Fort-de-France, le 10 juillet 1872. (6) Ce fut le cas par exemple dans les Révolutions cubaine de 1959, russes de 1917, française de 1789-94, algérienne (lire Fanon à ce propos)… Quand surviennent des

phases de réaction, les femmes sont renvoyées à leurs rôles «traditionnels» et encensées surtout comme épouses, mères, etc. Pour cette raison-là aussi, la révolution doit être «permanente», au sens littéral du mot…

(7) Entre autres Armand Nicolas, Jacques Adélaïde-Merlande, Gilbert Pago, Edouard de l’Epine, Marie-Hélène Léotin… Et pourquoi pas des historiens catalogués à « droite », qui présenteraient peut-être encore les insurgés du Sud comme des incendiaires et des assassins ( tout comme Michel Renard présentait en 1978 de la même manière les esclaves insurgés de 1848)… Un débat aussi pluraliste serait très enrichissant, surtout si l’auditoire participait à la formulation des questionnements, à l’exclusion de toute censure.

Photos / Podcasts